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Grande enquête « CNRS Le Journal »

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Grande enquête « CNRS Le Journal »
Donner du sens à la science

A propos

Du 1er juillet au 22 septembre, le CNRS présente ses archives aux Rencontres d’Arles, à travers une grande exposition photo intitulée «La saga des inventions. Du masque à gaz à la machine à laver - Les archives du CNRS». Ce blog en est l'émanation.

Les auteurs du blog

Luce Lebart
est historienne de la photographie, commissaire de l’exposition La saga des inventions, à Arles, et chercheuse et correspondante française pour la collection Archive of Modern Conflict.

A la une

Ces inventions classées sans suite
27.08.2019, par Luce Lebart
L’histoire de l’innovation est aussi une histoire d’échecs… En voici quelques exemples tirés des archives de la Direction des inventions, un des ancêtres du CNRS.

Dans le contexte de la politique nationale de soutien aux inventions, tous les objets sont photographiables et doivent être photographiés. Aucune ambition artistique ne préside à ces images d’inventions qui sont, bien au contraire, des images utilitaires.

Jamais crédités du nom du photographe, les clichés portent en revanche celui de l’inventeur et, parfois, celui du commanditaire de l’image. Ils sont presque toujours accompagnés d’un titre, celui de l’invention. Fixe ou animée, l’image est entièrement au service des inventions.

Sur les centaines d’inventions systématiquement photographiées à partir de 1917, combien ont réellement abouti à un objet d’usage commun produit en masse ? Combien ont contribué à une découverte scientifique majeure ? L’histoire de la politique des inventions produites dans ce cadre est complexe, teintée d’hésitations, d’échecs et d’insuccès. De nombreux dossiers furent d’ailleurs classés sans suite et les raisons diffèrent, au cas par cas. En ce sens, la Direction des inventions fait figure de laboratoire.  Elle rassemble des individus d’horizons différents et leur permet d’emprunter des trajectoires communes. On essaye, on teste, et qu’importe si cela ne marche pas, on ratera mieux la prochaine fois, selon l’expression de Samuel Beckett.

Un masque à gaz pour chevaux peu convaincant

Le masque à gaz pour chevaux proposé par le collaborateur Giroux en 1918 fournit un bel exemple d’insuccès. Dès le printemps 1915, chevaux attelés et mulets chargés de mitrailleuses partagent le sort des combattants. Ils subissent les attaques aux gaz : effets suffocants des dérivés du chlore et brûlures des gaz vésicants. Le Masque Giroux fait partie des divers prototypes évalués dans ce cadre. Jugé trop lourd et insuffisamment étanche, le modèle n’est pas convaincant.

Coup de froid sur le chauffage portatif

Le Radiateur portatif de chauffage de Peyrot réussit encore moins à convaincre les experts de la Direction des inventions. Le rapport est clair : il n’y a « rien à retenir ». Pire encore, l’invention témoignerait d’une méconnaissance du principe du radiateur. Défaillant, ce radiateur reflète toutefois une des grandes préoccupations de cette guerre : lutter et s’organiser contre le froid. L’ennemi était loin d’être la seule adversité rencontrée par les poilus. Les conditions de vie dans les tranchées faisaient du quotidien un combat, en particulier en hiver, quand les couvertures et les manteaux étaient l’unique moyen de se réchauffer. Ce radiateur a aussi l’intérêt d’être portatif, une qualité recherchée par la Commission supérieure des inventions. 
 

Briquette de sciure, affaire classée

La réserve de l’inventeur lui-même pouvait être un critère d’abandon du projet. Ce fut notamment le cas de La Briquette de sciure de Monsieur Carré. Bien qu’il soit aisé de deviner qu’il s’agit d’un agglomérat de sciure destiné à se substituer au bois de chauffage, il est difficile d’en connaître la particularité : « L’inventeur n’ayant voulu donner aucune explication à son sujet, l’affaire a donc été classée. »

 

Le chemin est long entre l’idée et l’invention… Multiples sont les tâtonnements, les errances, les essais déçus… Au fil des années, l’archive des inventions nous raconte cette réalité de la recherche… « Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux1 », écrivit Samuel Becket2.  ♦

 

Luce Lebart est historienne de la photographie et commissaire de l’exposition La saga des inventions, à Arles. Elle est chercheuse et correspondante française pour la collection Archive of Modern Conflict.

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À voir
L’exposition La saga des inventions. Du masque à gaz à la machine à laver, les archives du CNRScoproduite par les Rencontres d’Arles et le CNRS, en partenariat avec les Archives nationales, à Arles, à l’espace Croisière, du 1 juillet au 22 septembre 2019.

À lire
Inventions 1915-1938, en librairies et sur le site des Rencontres d’Arles

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