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Bronchiolites des nouveau-nés : vers des traitements antiviraux efficaces
06.11.2023, par Marc Fournet - CNRS Île-de-France Gif-sur-Yvette
Mis à jour le 06.11.2023

Le virus respiratoire syncytial (VRS) est le principal responsable des bronchiolites des nouveau-nés, une cause majeure d’hospitalisations et de décès par infection virale. Christina Sizun, chercheuse CNRS à l’ICSN, travaille sur une approche novatrice pour traiter ce virus. Ses travaux ont pour but de trouver des molécules actives qui permettraient d’aboutir à un médicament efficace, avec un faible risque de résistance virale.

Le VRS est la cause principale de bronchiolites, avec des risques de complications sévères pour les personnes au système immunitaire fragile. À ce titre, il est la première cause de décès par infection virale des nouveau-nés. Christina Sizun, chercheuse CNRS à l’Institut de chimie des substances naturelles1, à Gif-sur-Yvette, explore de nouvelles pistes pour développer des antiviraux efficaces contre le VRS. Ses travaux sont financés par l’Agence nationale de la recherche (ANR), dont l’objectif est de soutenir l’excellence de la recherche et l’innovation française sur le plan national, européen et international.

Ses recherches sont novatrices dans leur approche thérapeutique. Actuellement, seuls deux traitements contre le VRS existent, mais ils ne sont que très rarement utilisés. Le premier, très coûteux, n’est efficace qu’en prévention, et ne peut donc pas guérir de patient déjà malade. Le second est toxique et a des effets secondaires importants, et n’est utilisé qu’en dernier recours lorsque l’état du patient est critique. Par ailleurs, le virus peut muter pour développer des résistances à ces traitements.

Face à ce constat, Christina Sizun et ses collègues de l’ICSN, de l’INRAE2 et de l’Institut Pasteur ont mobilisé leurs travaux de recherche. Ils ont déjà démontré le potentiel d’une approche thérapeutique pour lutter contre le VRS : empêcher, directement dans les cellules contaminées, l’interaction de deux protéines virales clés : la nucléoprotéine et la phosphoprotéine. Leur assemblage est indispensable à la multiplication du virus.

Un traitement original et sans risque de résistance

Ces deux protéines n’ont pas d’équivalent dans les cellules humaines et constituent une excellente cible. Christina Sizun et son équipe ont déjà testé in vitro de multiples molécules pour empêcher cette interaction, et ont pu sélectionner les plus prometteuses d’entre elles.

Elles se fixent à l’endroit où les deux protéines interagissent, empêchant leur assemblage en occupant l’espace adéquat. Il serait alors impossible pour le VRS de muter pour résister à un tel traitement. En effet, une mutation à l’endroit d’interaction empêcherait non seulement le médicament de se fixer, mais également aux deux protéines d’interagir entre elles, ce qui serait fatal au virus.

À présent, les chercheurs optimisent ces molécules afin qu’elles puissent pénétrer facilement dans les cellules et qu’elles soient les plus efficaces possibles pour se fixer sur ce point de jonction. Ces molécules optimisées sont testées en cellules sur des virus manipulés en laboratoire très sécurisé. Cette nouvelle piste thérapeutique permettrait à terme de lutter plus efficacement contre le VRS, avec des chances de résistance plus faibles et un bien meilleur ratio efficacité / coût.

1 Institut de chimie des substances naturelles (ICSN – CNRS / Université Paris-Saclay)
2 Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

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