Donner du sens à la science

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De la santé à l’énergie en passant par l’informatique ou la chimie, les recherches menées dans les labos trouvent régulièrement des prolongements dans le monde socio-économique. Découvrez sur ce blog des exemples de valorisation des recherches menées au CNRS, une des institutions les plus innovantes au monde.

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Découvrez les lauréats 2018 de la médaille de l'innovation
10.10.2018, par Laurence Stenvot
La médaille de l’innovation du CNRS est remise, aujourd'hui 10 octobre, à Thierry Chartier, Valérie Castellani et Daniel Le Berre. Décerné par l'organisme depuis 2011, ce prix récompense des scientifiques pour leurs travaux exceptionnels dans les domaines technologique, thérapeutique ou social.

Le 10 octobre, le CNRS a dévoilé les noms des trois lauréats 2018 de la médaille de l'innovation. La cérémonie a lieu le soir-même, en clôture de l'événement CNRSxStart-up. Voici les trois scientifiques du palmarès 2018, qui succèdent donc à Jean-Marie Tarascon, Jamal Tazi, Raphaèle Herbin et Jean-Pierre Nozières.
 
Valérie Castellani, un pas vers la médecine personnalisée
Spécialisée en biologie du développement à l’Institut NeuroMyoGène1, Valérie Castellani, âgée de À 52 ans, est la cofondatrice de Oncofactory, start-up crée avec Céline Delloye-Bourgeois, biologiste dans la même unité CNRS. La technologie qu’elle a développée avec son équipe permet de créer une réplique miniaturisée du cancer d’un patient, et d’en faire une image en 3D en quelques jours. Les travaux de départ de la lauréate sont pourtant très fondamentaux : ils s’attachent à mieux comprendre les mécanismes cellulaires et moléculaires qui sous-tendent la génération des neurones dans l’embryon, leur migration et la mise en place de leurs connexions nerveuses. « Mon parcours vers la valorisation souligne l’importance des laboratoires de recherche fondamentale pour l’innovation », commente-t-elle.

Valérie Castellani, biologiste à l’Institut NeuroMyoGène.
Valérie Castellani, biologiste à l’Institut NeuroMyoGène.

Valérie Castellani aborde ainsi la tumorigenèse (ensemble des étapes menant à la formation des tumeurs) et la dissémination métastatique sous l’angle de la biologie du développement. Et pour étudier un cancer pédiatrique, elle utilise un embryon d’oiseau comme organisme hôte. Au sein de celui-ci, elle greffe des cellules tumorales prélevées chez des patients et obtient une reproduction de la pathologie. Brevetée, cette technologie est adaptée avec succès à de nombreux cancers de l’adulte. Rechercher de nouveaux biomarqueurs, prédire l’évolution tumorale et expérimenter des médicaments sur ces modèles devient donc possible. Cette innovation marque ainsi une véritable avancée pour la médecine personnalisée. « Amener une technologie vers une application rapidement utile pour la société est une expérience incroyable », se réjouit Valérie Castellani.

 

 
   
 
   
Thierry Chartier, de la céramique à l'implant crânien
Expert en matériaux et procédés céramiques, Thierry Chartier, 58 ans, est chercheur à l’Institut de recherche sur les céramiques2. C’est un pionnier des procédés additifs pour l’élaboration de céramiques, technologies qui font l’objet d’un engouement international et « constituent une vraie révolution industrielle pour ”l’Usine du futur” », commente-t-il. Formé au partenariat industriel dès son doctorat, il a développé une technologie qui a permis en 2001 la création de la start-up 3DCeram : il s’agit d’exploiter la stéréolithographie, procédé de construction de pièces 3D par photopolymérisation d’un système céramique réactif.

 

Thierry Chartier, chercheur à l’Institut de recherche sur les céramiques.
Thierry Chartier, chercheur à l’Institut de recherche sur les céramiques.

Thierry Chartier participe ensuite au développement d’un procédé jet d’encre qui donnera lieu, en 2006, à la création d’une seconde start-up, Ceradrop, spécialisée dans les techniques d’impression pour l’électronique imprimée. Chacune de ces start-up emploie une vingtaine de personnes. Les nouvelles méthodes d’élaboration de pièces céramiques de formes complexes qu’il a développées ont notamment donné lieu à une première mondiale au CHU de Limoges, en 2013 : la réalisation d’un implant crânien en hydroxyapatite (os synthétique) à partir du fichier scanner d’un patient. Rompu au transfert industriel, il a aussi monté en 2005 un laboratoire commun avec Air Liquide, dont la vocation est de développer des matériaux et des systèmes céramiques permettant de produire de nouvelles sources d’énergie et d’améliorer l’efficacité énergétique.

 
 
Daniel Le Berre, père du logiciel libre Sat4j
Enseignant-chercheur de l’université d’Artois au Centre de recherche en informatique de Lens3, Daniel Le Berre, 46 ans, est passionné de génie logiciel et d’intelligence artificielle. Il s’intéresse en particulier à la conception et à l’évaluation d’algorithmes pour l’inférence et la prise de décision. Dès son DEA en 1994, il écrit son premier logiciel de résolution du problème SAT (problème de logique propositionnelle). En 2004, il crée le logiciel Sat4j qui propose un ensemble d’outils de raisonnement en variables booléennes (« 0 » si une proposition est fausse, « 1 » si une proposition est vraie) pour le langage Java. Conçu dès le départ comme un logiciel libre pouvant être facilement réutilisable dans d’autres logiciels, Sat4j intègre en 2005 le consortium ObjectWeb (maintenant OW2), qui promeut le développement d’intergiciels libres. Sat4j, utilisé par des millions de personnes dans le monde, totalise plus de 200 000 téléchargements depuis janvier 2006 et se classe à la 15e place des projets les plus téléchargés d’OW2.

Daniel Le Berre, enseignant-chercheur à l’université d’Artois-Centre de recherche en informatique de Lens.
Daniel Le Berre, enseignant-chercheur à l’université d’Artois-Centre de recherche en informatique de Lens.

En 2008, Sat4j intègre la plateforme ouverte Eclipse, atelier logiciel destiné à la production de logiciels libres. « Les grandes entreprises comme IBM, Intel, Microsoft ont rapidement intégré les solveurs SAT à leurs outils, et la communauté scientifique a aussi adopté leur usage, commente le lauréat. Le logiciel Sat4j est ensuite né de la volonté d’étendre les bénéfices de cette avancée majeure aux développeurs Java. »

 

 

 
 
 

Notes
  • 1. Unité CNRS/Inserm/Université Claude-Bernard-Lyon-I.
  • 2. Unité CNRS/Université de Limoges.
  • 3. Unité CNRS/Université d’Artois.

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