Donner du sens à la science

Le patrimoine en lumière

Dossier
Paru le 16.03.2022
Le tour du patrimoine en 80 recherches
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Commentaire

 

Lumière bleue. Lumière infrarouge. Lumière rasante. Lumière ultra-violette.  Lumière issu d’un laser.

 

Aujourd’hui, c’est la lumière de la Science qui vient éclairer les décors peints de la chapelle Notre Dame des fontaines de la Brigue, dans les Alpes-Maritimes.

 

Si l’édifice date du XIIème siècle, les fresques, elles, ont été réalisées au cours du XVème. Depuis, les surfaces se sont altérées, dégradées à certains endroits. A d’autres, il y a eu des restaurations. Vincent Detalle fait partie des nombreux scientifiques dépêchés sur place. Il cherche à déterminer la composition chimique des pigments utilisés - pour retracer l’histoire des œuvres. Il utilise un outil un peu particulier : ça s’appelle un LIBS : un spectroscope sur plasma induit par laser.

 

ITV Vincent Detalle, physico-chimiste

C’est une technique qui consiste à focaliser un laser impulsionnel de quelques nanosecondes sur une surface, et on va créer un plasma, c’est à dire une petite étincelle…

 

(Image de l’étincelle) « Un, deux, trois, clac ! » 

 

La lumière de l’étincelle est alors analysée par le spectroscope, qui permet de déterminer quels atomes sont présents dans la matière qui a été vaporisée par le laser. Le rover Curiosity, qui explore la surface de Mars utilise la même machine pour analyser la composition des roches à distance. Ici, c’est pour déterminer quels pigments ont été utilisés, s’ils sont d’origine ou bien s’il y a eu un travail de restauration à cet endroit.

 

ITV Vincent Detalle

 

C’est une technique extrêmement sensible, beaucoup plus sensible que beaucoup d’autres, c’est une de ses grosses forces, on va pouvoir détecter quelques ppm de matière, des parties par million, ce qui est intéressant quand on prélève très très peu de matériau, … et puis on est capable de détecter tous les éléments du tableau périodique de Mendeleyev.

 

COM

 

La technologie LIBS n’est qu’un angle d'attaque pour ces scientifiques. Ils viennent de plusieurs laboratoires, de différentes disciplines, pour étudier ces œuvres de la manière la plus complète possible. Toutes les informations produites par les équipes, vont alors s’intégrer au sein d’un grand projet appelé Fiat Lux, qui s’articule autour d’une modélisation 3D des œuvres.

 

 

ITV Jean-Marc Vallet, minéralogiste

L’idée de Fiat Lux, c’est de créer une plateforme informatique interactive dans le temps qui permet autant de travailler sur les archives anciennes que sur les données acquises actuellement grâce aux appareils scientifiques que nous avons actuellement et même dans le futur. 

 

Les données seront consultables directement sur le modèle 3D. Or elles proviennent de sources très différentes : des images infra rouge, des archives, des données chimiques. Comment centraliser toutes ces données ? Les chercheurs ont du porter un regard neuf sur les oeuvres et ont eu recours à des techniques réservées habituellement à la cartographie.

 

On est sur un système Géographique, pour faire une analogie, de type SIG, système d’information géographique. On comprend bien à l’échelle de la planète, à l’échelle d’une ville, on comprend ce que ça signifie, c’est à dire on localise des choses, on les positionne, on donne des caractéristiques. Ici on a une approche équivalente. Alors dans le cadre d’un bâtiment ça se comprend, mais dans le cas d’une oeuvre on va, de la même façon, donner une information localisée, géographique, même sur quelque chose d’extrêmement petit. 

 

La modélisation du site, enrichie de toutes les données récoltées pendant la campagne scientifique permet de créer un aperçu très complet de l’oeuvre, de son état de conservation. Un outil particulièrement précieux pour les conservateurs ou pour ceux qui doivent restaurer les œuvres. Mais les applications pourraient aller bien au delà…


ITV Philippe Walter, chimiste

A terme ça sera des nouvelles manières de travailler. des nouvelles manières de diffuser les connaissances, voir même des nouvelles manières pour l’éducation, pour l’enseignement. Réussir à utiliser l’ensemble de ces données à des cours d’Université de façon à montrer aux étudiants la nature de ces démarches qui associent les différentes sciences. 

 

Fiat Lux, en latin « que la lumière soit » une formule emblématique et la création d'un nouveau monde pour le patrimoine dans l’ère du numérique…

Le patrimoine en lumière

25.11.2016

Quel est le point commun entre la planète Mars et la chapelle Notre-Dame-des-Fontaines, dans les Alpes-Maritimes ? Elles sont analysées par le même instrument, comme le montre cette vidéo diffusée en partenariat avec LeMonde.fr. C’est une des facettes de FiatLux, un programme de recherche au croisement du patrimoine et des technologies de pointe, qui vise à cartographier et à modéliser des œuvres d’art.

 
À propos de cette vidéo
Titre original :
Fiat Lux : le patrimoine en lumière
Année de production :
2016
Durée :
5 min 06
Réalisateur :
Nicolas Baker
Producteur :
CNRS Images
Intervenant(s) :
Vincent Detalle
Centre de Recherche sur la Conservation (CRC)
CNRS / Ministère de la Culture et de la Communication

Jean-Marc Vallet
Centre Interdisciplinaire de Conservation et Restauration du Patrimoine (CICRP)
CNRS / Ministère de la Culture et de la Communication

Philippe Walter
Laboratoire d'Archéologie Moléculaire et Structurale (LAMS)
CNRS / UPMC - Université Pierre et Marie Curie
CNRS / Université Pierre et Marie Curie

Pour en savoir plus : http://www.fiatlux.gamsau.archi.fr/
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