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Alors que l’Unesco vient de lancer la Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), découvrez sur ce blog un aperçu de la diversité des recherches menées au CNRS sur l’océan.
 

Les auteurs du blog

Ce blog collaboratif rassemble des contributions issues des 10 instituts thématiques du CNRS.

A la une

Faire de l’océan un commun pour éviter son naufrage
19.10.2021, par Camille Mazé, laboratoire Littoral Environnement et Sociétés*
L'océan représente un enjeu géopolitique majeur. Définir les cadres de sa gouvernance constitue un véritable défi, qui mobilise les chercheurs et chercheuses en humanités environnementales.

Comment gouverner les océans et les espèces vivantes qui les peuplent en vue de leur gestion durable dans le contexte du changement global ? Les chercheurs en humanités environnementales se mobilisent sur la question depuis plusieurs années déjà…
 
Gouverner la Planète bleue : un enjeu politique majeur, un objet scientifique de première importance

 
Tandis que depuis quinze ans les négociations portent sur la mise en place d’un accord relatif à la protection de la biodiversité en haute mer à l’ONU, l’Unesco vient de lancer la Décennie pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030).
 
Dans cette perspective, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a inauguré en septembre, à Marseille, le Congrès mondial de la nature, au cours duquel a été annoncé un futur sommet sur les océans (One Ocean Summit). Organisé en France, il s’attachera à mettre en œuvre un cadre de protection de la haute mer pour faire de l’océan un bien public mondial, élaborer une stratégie pour les pôles et augmenter le nombre d’aires marines très protégées (de 0,2 % à 5 %) en Méditerranée d’ici 2027.
 
Le rôle de l’océan dans la régulation du climat, la production de biodiversité et les services multiples et vitaux qu’il rend aux sociétés humaines est fondamental. Le défi consiste désormais à définir les cadres de sa gouvernance, tant il est au cœur des préoccupations, des meilleures attentions et des pires convoitises. Élaborer ce nouveau régime de gouvernance implique de tenir compte des incertitudes, d’identifier les seuils et les points de non-retour, et de considérer les enjeux écologiques, économiques et sociaux de manière imbriquée.

Orque faisant surface à proximité d'un palangrier de pêche à la légine, après s'être nourrie sur le matériel de pêche (archipel de Kerguelen, Terres Australes Françaises). La présence d’orques mais aussi de pétrels sur les zones de pêche, illustre le problème de la déprédation et des captures accidentelles. Cette photo a été réalisée dans le cadre des travaux de l’Observatoire APOLIMER, consacré à l’étude et à la mise en œuvre de la gouvernance des socio-écosystèmes marins en vue de leur soutenabilité. Il a vocation à développer des recherches intégrées, interdisciplinaires et transdisciplinaires, en renforçant la place des humanités environnementales dans le champ des sciences de la soutenabilité © Paul Tixier - CEBC CNRS

Des humanités environnementales aux sciences de la soutenabilité 
 
Enjeu géopolitique majeur, l’océan est pris dans des jeux institutionnels et des relations de pouvoir autour desquels la contribution des sciences humaines et sociales (SHS) est de plus en plus importante. Les challenges de la définition d’une gouvernance de l’océan en vue de sa gestion durable nécessitent de définir les échelons de décision et d’action, grâce à une étroite concertation entre décideurs, chercheurs de toutes disciplines, gestionnaires, entreprises privées et travailleurs de la mer. En développant une posture critique et constructive, essentielle pour décrypter les manières dont les océans, les mers et les littoraux sont aujourd’hui gouvernés, et en proposant des pistes pour une meilleure régulation incluant la redéfinition des relations humains / hon-humains, les chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales peuvent encourager la transition socio-écologique des milieux côtiers et marins1. Ils contribuent en effet à transformer les modes de régulation de ces environnements et assurent un transfert de connaissances équitable, respectueux et éthique. Ils veillent à la bonne application des conventions et protocoles internationaux qui permettent de préserver l’océan, les espèces vivantes, les ressources minérales et les sociétés humaines qui en vivent.
 
En atteste l’implication des sciences humaines et sociales aux côtés des sciences de la vie et de la terre, des sciences de l’ingénieur et des biotechnologies, autour de sujets comme les captures accidentelles de mammifères et d’oiseaux marins dues à la pêche ou la perspective de « tragédie des communs » qui pèsent sur certaines ressources marines. Là où les chercheurs et chercheuses sont de plus en plus sollicités pour apporter des solutions et où les sciences de la nature peinent à se faire entendre par les décideurs, il convient de mieux considérer l’océan comme une construction sociale et de faire des processus de décision et d’action publique eux-mêmes un objet sérieux de recherche. Si les océanographes rappellent que l’océan est unique, les chercheurs et chercheuses en sciences sociales insistent sur la nécessité de considérer les découpages administratifs, les frontières et les conflits, les asymétries de pouvoir et les instruments de contrôle et de régulation, les rapports culturels diversifiés et les savoirs locaux, pour penser un régime de gouvernance adapté.
 
Engagées à la fois dans la recherche fondamentale et dans la construction d’outils d’aide à la gouvernance des socio-écosystèmes marins, en métropole2 et en outre-mer3-4, les sciences humaines et sociales aspirent à dépasser le « grand partage » nature / culture, pour faire de l’océan un commun.

Filets de pêche, Iles sous le vent, Raiatea © Camille Mazé

*Camille Mazé est chargée de recherche CNRS en science politique, spécialisée dans les sciences de l’environnement marin au sein du laboratoire Littoral Environnement et Sociétés (LIENSs, UMR 7266, CNRS / La Rochelle Université). Fondatrice et coordinatrice de l’Observatoire APOLIMER (apolimer-cnrs.fr)

___________________

1. Perspective suivie au sein de l’Observatoire APOLIMER (apolimer-cnrs.fr) basé au LIENSs. Cet Observatoire est consacré à l’étude et à la mise en œuvre de la gouvernance des socio-écosystèmes marins en vue de leur soutenabilité.Il a vocation à développer des recherches intégrées, interdisciplinaires et transdisciplinaires, en renforçant la place des humanités environnementales dans le champ des sciences de la soutenabilité.
2. Voir à ce sujet le projet TEMERAIR, De la tragédie des communs à leur gestion durable. Analyse et transformation de la gouvernance en vue de la gestion adaptive des socio-écosystèmes marins dans le traitement des captures accidentelles liées à la pêche en Nouvelle-Aquitaine (oiseaux et mammifères marins). Projet financé dans le cadre du Dialogue stratégique et de gestion 2020-2022 et intégré à la Chaire d’excellence ECOMM dédiée à l’écologie et à la conservation des oiseaux et des mammifères marins.
3. Voir à ce sujet le projet POLYCONE, Valorisation intégrée et durable des cônes marins en Polynésie française, financé par le Belmont Forum, sur l’axe Recherche transdisciplinaire pour la durabilité des océans (2021-2024). http://apolimer-cnrs.fr/projects/polycone/
4. Voir à ce sujet le projet SPA, Savoir, Pouvoir, Avoir. Pour une approche croisée entre sciences sociales du politique et sciences de l’environnement marin dans l’étude de la gouvernance des socio-écosystèmes marins et côtiers, financé par la Mission pour les initiatives transverses et interdisciplinaires du CNRS (2017-2021). Sites ateliers : Zone atelier Antarctique et Terres australes françaises (ZATA), archipel de Saint-Pierre et Miquelon, zone atelier Brest et Iroise (ZABrI). http://apolimer-cnrs.fr/projects1/spa/

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