Donner du sens à la science

A propos

Du 1er juillet au 22 septembre, le CNRS présente ses archives aux Rencontres d’Arles, à travers une grande exposition photo intitulée «La saga des inventions. Du masque à gaz à la machine à laver - Les archives du CNRS». Ce blog en est l'émanation.

Les auteurs du blog

Luce Lebart
est historienne de la photographie, commissaire de l’exposition La saga des inventions, à Arles, et chercheuse et correspondante française pour la collection Archive of Modern Conflict.

A la une

Diplodocus Militarus, l’ancêtre du char testé à la Direction des inventions
26.06.2019, par Luce Lebart
Cet été, le CNRS présente ses archives visuelles aux Rencontres d’Arles. Parmi les inventions à découvrir, on trouve un engin surprenant, capable d’anéantir les réseaux de fils barbelés et de franchir les tranchées, sur lequel la Direction des inventions a travaillé au début de la Première Guerre mondiale. Explications dans ce post du blog «La saga des inventions».

Conçu en 1914 et construit en 1915, l’engin Boirault est considéré comme l’«ancêtre intéressant du char ». Les mots ne manquent pas pour décrire ce « char d'assaut squelette en forme de losange et sans armure, à voie aérienne unique ». Cette invention de l’ingénieur des arts et métiers Louis Boirault est probablement l’une des plus extravagantes propositions documentées par la Direction des inventions.
 
Avec sa hauteur de plusieurs mètres, son poids de 30 tonnes et sa forme de cage thoracique ou de panier à salade géant, ce char anti-barbelés ne passe pas inaperçu. Aussi extravagant soit-il, l’engin Boirault suscite beaucoup d’intérêt au début du conflit. Il a l’avantage de cumuler deux fonctions alors fortement d’actualité : il permet à la fois d’anéantir les réseaux de fils barbelés et de franchir les tranchées. C’est une sorte d’engin tout terrain.
 

 
 
Le film démontre bien les caractéristiques du char Boirault : son gigantisme et son déplacement unidirectionnel. Filmé d’abord de profil, l’engin Boirault est ensuite capté de face lorsqu’il vient lentement mais sûrement écraser des rangées de barbelés : on voit alors le géant de métal se rapprocher de plus en plus de la caméra qui, de son côté, reste inlassablement fixe…
 
Malheureusement, son caractère « trop voyant » associé à sa lenteur et son impossibilité de changer de direction n’aidèrent pas à rendre l’invention pérenne et lui valurent au contraire le surnom le « Diplodocus Militarus ».
 
Ainsi, et malgré les espoirs de l’inventeur, la commission des inventions élimina un à un les différents usages potentiels du diplodocus militarus. En dernier lieu, la production d’une telle machine aurait réclamé une trop grande quantité de métal alors très convoité : « la construction d’un nombre important d’appareils Boirault absorberait nécessairement, à raison du grand poids métallique et de la complication mécanique du système, une quantité considérable de matières premières et de main-d’œuvre ».
 
L’invention abandonnée de l’ingénieur Boirault n’en reste pas moins fascinante. L’engin géant ressemble à une sculpture mouvante monumentale, machine inutile, obsolète avant même d’avoir un usage. Le film muet montrant les évolutions lentes de ce monstre de métal contribue à ajouter une touche de burlesque à ce char préhistorique. A regarder en boucle !!!
 
 
 
A voir :
L’exposition La saga des inventions. Du masque à gaz à la machine à laver, les archives du CNRS, coproduite par les Rencontres d’Arles et le CNRS, en partenariat avec les Archives nationales est à voir à Arles à l’espace Croisière :
1 juillet - 22 septembre. 10H00 - 19H30
https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/780/la-saga-des-inventions
 
 

Commentaires

0 commentaire
Pour laisser votre avis sur cet article
Connectez-vous, rejoignez la communauté
du journal CNRS