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De la santé à l’énergie en passant par l’informatique ou la chimie, les recherches menées dans les labos trouvent régulièrement des prolongements dans le monde socio-économique. Découvrez sur ce blog des exemples de valorisation des recherches menées au CNRS, une des institutions les plus innovantes au monde.

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Superbranche, des nanoparticules pour le diagnostic précoce des cancers
05.06.2020, par Martin Koppe
Avec ses nanoparticules capables de détecter, diagnostiquer et attaquer des cellules cancéreuses, Superbranche participe au développement de la nanomédecine. Coup de projecteur sur cette start-up fondée il y a un an, et primée au concours i-Lab.

Assurément, la nanomédecine est l’une des  grandes sources d’espoirs pour la médecine du futur. Son crédo : utiliser des nanoparticules pour accomplir des tâches thérapeutiques complexes. Avec elle, un médicament peut par exemple attendre de reconnaître et de rejoindre un tissu précis avant de libérer ses principes actifs pour une thérapie ultra ciblée. La start-up Superbranche s’est spécialisée dans la détection précoce et le traitement des cancers, à l’aide de nanoparticules dites dendronisées.

Superbranche a été remarquée au concours d’innovation i-Lab, organisé chaque année par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en partenariat avec Bpifrance, la banque publique d’investissement. La start-up obtient l’un des dix grands prix du jury 2019 après s’être classée dans les meilleurs candidats. Superbranche se structure avec l’aide de la société Valoritech, passe par SEMIA, un incubateur implanté depuis 1999 à Strasbourg, et signe une licence exclusive mondiale avec CNRS Innovation en octobre 2019. L’entreprise a profité de cet élan pour recruter deux docteurs et trois stagiaires, et étoffer son catalogue jusqu’à une dizaine de produits à ce jour.

Les nanoparticules dendronisées possèdent un cœur magnétique, en oxyde de fer, enrobé d’une couche organique dendritique, en forme de branches. Cette partie externe aide la substance à reconnaître et à s’accrocher aux cellules cancéreuses, sans se diffuser inutilement dans le corps. C’est le centre magnétique qui est ensuite détecté par différentes formes d’imagerie médicale, comme celles à résonnance magnétique (IRM, MPI). Les nanoparticules doivent cependant présenter un diamètre inférieur à 100 nanomètres, sans quoi elles seraient interceptées par le système immunitaire. Superbranche les maintient donc entre 10 et 30 nanomètres. Une fois leur mission accomplie, les nanoparticules sont éliminées dans les urines.

Les nanoparticules dendritiques de Superbranche sont constituées d’une particule active enrobée dans un matériau dendritique conçu pour stabiliser le nanomatériau et rendre son injection intraveineuse possible.
Les nanoparticules dendritiques de Superbranche sont constituées d’une particule active enrobée dans un matériau dendritique conçu pour stabiliser le nanomatériau et rendre son injection intraveineuse possible.

Détecter et détruire les tumeurs

Elles pourraient également servir à traiter les cancers, par hyperthermie magnétique. Cette méthode exploite les propriétés magnétiques des nanoparticules, collées aux tumeurs, pour les chauffer au point de les détruire. Les nanoparticules dendronisées ont fait leurs preuves chez le petit animal pour révéler la présence et la position de tumeurs précoces. Elles sont actuellement testées au Centre de lutte contre le cancer Georges-François Leclerc (CGFL) de Dijon, en particulier dans les cancers du sein et des ovaires. D’après Delphine Felder-Flesch, CEO de Superbranche et directrice de recherche CNRS à l’Institut de physique et chimie des matériaux de Strasbourg1 d’autres applications sont envisagées à plus ou moins long terme, comme la détection de cellules cancéreuses circulantes directement dans le flux sanguin.

La technologie des nanoparticules dendronisées a été consciencieusement optimisée en laboratoire pendant une dizaine d’années. Après un premier brevet déposé en 2014, la start-up Superbranche est créée en mai 2019 par Delphine Felder-Flesch et Sylvie Begin-Colin, professeure à l’université de Strasbourg et directrice de l’ECPM2 « Nous avions obtenu de bons résultats en collaborant avec des hôpitaux, explique Delphine Felder-Flesch, alors nous nous sommes dit que ces produits de recherche seraient intéressants à commercialiser. Nous les vendons à des laboratoires publics et privés, qui peuvent ensuite les modifier selon leurs besoins et leurs champs de recherche. »

Après injection, les nanoparticules dendronisées ciblent les cellules malades.
Après injection, les nanoparticules dendronisées ciblent les cellules malades.

Un changement d’échelle réussi

Les clients peuvent commander les nanoparticules dendronisées, ou seulement leur enrobage organique s’ils possèdent déjà leurs propres particules, et inversement. Ils sont également libres d’utiliser les nanoparticules dendronisées pour d’autres applications que la lutte contre le cancer, mais cette voie est si prometteuse que les chercheurs en ont encore peu dévié. L’entreprise a d’ailleurs dû s’adapter à son succès.

« Depuis la création de Superbranche, nous sommes soutenus par un financement French Tech BPI, réservé aux sociétés dites de deeptech, détaille Delphine Felder-Flesch. Cela nous a aidées à monter en échelle au niveau de notre production. Au début nous n’obtenions que quelques milligrammes de nanoparticules, nous avions besoin de plus que ça pour commencer à vendre, réaliser un chiffre d’affaires et sécuriser l’entreprise. Nous allons tout de même continuer les levées de fonds pour compléter le budget iLab, notamment pour acquérir de l’équipement de production, par exemple auprès de business angels. » Membre des réseaux Biovalley France, à cheval sur l’Alsace, l’Allemagne et la Suisse, et France Biotech, Superbranche continue donc de prendre racine pour des thérapies toujours mieux ciblées. ♦

Notes
  • 1. IPCMS, CNRS/Université de Strasbourg.
  • 2. École européenne de chimie, polymères et matériaux de Strasbourg.

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