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Un jour avec Erwan Amice, plongeur sous-marin

Un jour avec Erwan Amice, plongeur sous-marin

21.08.2014, par
Erwan Amice
Erwan Amice en pleine action. Rester stable au fond de l'eau constitue un défi majeur pour un plongeur sous-marin, face à face avec son modèle à la pose fugace.
Les chercheurs dont les travaux nécessitent des plongées sous-marines doivent être formés et encadrés. C'est la mission d'Erwan Amice, assistant ingénieur coresponsable du service Moyens à la mer et du service Plongée scientifique de l’Institut universitaire européen de la mer.

(Cet article a été publié dans CNRS Le Journal n°250 novembre 2010)

8 h 30 : rendez-vous breton à Roscoff

Erwan Amice a délaissé son laboratoire brestois. D’ordinaire, il y assiste les chercheurs pour effectuer des prélèvements et autres expérimentations sous-marines. Mais aujourd’hui, et pour les deux semaines à venir, il encadre le stage annuel des personnels CNRS et universitaires1 qui se déroule à la Station biologique de Roscoff, dans le Finistère Nord. Dans la classe, ils sont donc une dizaine – chercheurs, enseignants-chercheurs, ingénieurs ou thésards – venus décrocher le sésame qui leur permettra de participer eux-mêmes aux plongées nécessaires à leurs travaux. Du prélèvement de sédiments pour une étude sur le climat à la recherche d’anciens littoraux immergés en passant par une étude de la respiration des moules, les domaines de recherche sont variés. « Un essoufflement à 40 mètres de profondeur, cela ne se rattrape pas… », martèlent Erwan Amice et ses collègues formateurs. Paliers de décompression, nombre et durée maximums des plongées par jour…, les règles de sécurité que le plongeur distille sont dictées par le ministère du Travail. « C’est toute la différence entre la plongée professionnelle et la plongée sportive », insiste-t-il.

Erwan Amice
Erwan Amice en tenue de plongée.
Erwan Amice
Erwan Amice en tenue de plongée.

9 h 30 : départ du Néomysis

Moulés dans leur combinaison, Erwan Amice et les autres hommes-grenouilles grimpent dans la camionnette. Direction le port de Bloscon pour embarquer à bord du Néomysis. Il fait frais, même si ce n’est pas l’Antarctique, où Erwan Amice a déjà effectué des missions dans une eau à – 2 °C. Le bateau s’arrête au large de l’île de Batz. Les plongeurs s’enfoncent dans le monde du silence. « Une plongée peut durer quelques minutes s’il s’agit de récupérer un échantillon, ou bien une heure s’il faut installer un véritable laboratoire sous-marin fait de sondes et de capteurs », précise Erwan Amice. Il y a deux ans, il a d’ailleurs participé à l’installation d’un marégraphe, destiné à mesurer l’amplitude des marées, et « pour lequel il a fallu sceller des tiges filetées dans du granit ! »

14 heures : leçon de prise de vue

Après la douche et un rapide déjeuner, retour en salle de classe. Erwan Amice donne quelques consignes sur la prise de vue photo et vidéo. « J’en fais beaucoup pour illustrer les missions et témoigner de l’activité du laboratoire », explique le plongeur, qui collabore aussi avec l’émission Thalassa, la chaîne France 3, l’agence photo Gamma ainsi que de nombreux magazines comme Terre sauvage ou Plongée. J’aime faire partager au grand public cet univers extraordinaire où l’on peut subitement se retrouver à moins de 3 mètres d’un requin-baleine. »

16 heures : seconde plongée du jour

C’est parti pour la seconde plongée de la journée. Cette fois, il s’agit de manier des enceintes benthiques, sortes de cloches à fromage en Plexiglas. Elles permettent d’isoler une plante ou un animal pour mesurer ses échanges gazeux avec l’environnement ou surveiller sa croissance. « Il m’arrive d’en concevoir sur mesure avec les fabricants, par exemple si la bestiole à étudier est particulièrement grande ou petite », commente Erwan Amice, ­également responsable de la logistique des missions et du planning des activités des bateaux de son institut.

21 heures : encore un dernier cours

La journée d’Erwan et des courageux stagiaires n’est toujours pas finie. Retour en classe pour un dernier cours. « Dans mon métier, on ne compte pas ses heures ! », sourit le plongeur, en attendant ses prochaines missions, en Mauritanie, au Mexique, en Nouvelle Calédonie ou tout simplement chez lui, en rade de Brest.

À voir :
- La vidéo – 2 °C sous la glace (6 min), réalisée par Marcel Dalaise
- le site d’Erwan Amice
 

Notes
  • 1. Stage CNRS de formation à la plongée scientifique.
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Auteur

Charline Zeitoun

Journaliste scientifique, autrice jeunesse et directrice de collection (une vingtaine de livres publiés chez Fleurus, Mango et Millepages).

Formation initiale : DEA de mécanique des fluides + diplômes en journalisme à Paris 7 et au CFPJ.
Plus récemment : des masterclass et des stages en écriture de scénario.
 

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