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L’Afrique poursuit le combat contre la méningite

L’Afrique poursuit le combat contre la méningite

13.03.2014, par
Campagne de vaccination contre la méningite en Afrique
Une campagne de vaccination massive contre la méningite A a été lancée en Afrique. Les scientifiques étudient son impact sur d’autres souches responsables de cette maladie.
Les premiers résultats de la vaste campagne de vaccination menée en Afrique contre la méningite sont prometteurs. Pas de quoi baisser la garde pour autant, comme le soulignent des scientifiques sur le terrain.

Un vaccin préventif contre le sérogroupe A de la bactérie Nesseiria meningitidis (NmA), responsable de la plupart des épidémies de méningite à méningocoques, est disponible en Afrique depuis fin 2010. Une avancée porteuse de grands espoirs, car ces méningites bactériennes, qui se transmettent par la projection de gouttelettes de sécrétions respiratoires ou pharyngées, peuvent causer de graves lésions cérébrales et se révèlent mortelles dans 50 % des cas si l’infection n’est pas traitée. Et, même en présence de traitement, la mortalité atteint 10 %. Le continent africain est durement touché : au cours de la dernière grande épidémie, en 2009, 14 pays ont ainsi rapporté plus de 88 000 cas suspectés et plus de 5 300 décès.

La vaccination massive a porté ses fruits

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a donc lancé un programme de vaccination massive dans les 26 pays de la région africaine la plus touchée, dénommée « la ceinture de la méningite », qui s’étend du Sénégal jusqu’à l’Éthiopie. Les premiers résultats de cette initiative de longue haleine sont encourageants : en 2012, aucune épidémie à NmA n’a été recensée dans les pays vaccinés1.

Carte de la « ceinture de la méningite » (Meningitis Belt) en Afrique
La région la plus touchée par la maladie se situe en Afrique, dans la «ceinture de la méningite», qui s’étend du Sénégal à l’Éthiopie.
Carte de la « ceinture de la méningite » (Meningitis Belt) en Afrique
La région la plus touchée par la maladie se situe en Afrique, dans la «ceinture de la méningite», qui s’étend du Sénégal à l’Éthiopie.

Cela signifie-t-il que la région sera bientôt débarrassée du fardeau des épidémies de méningite ? Ce n’est malheureusement pas aussi simple, d’après Hélène Broutin, éco-épidémiologiste au CNRS2 : « Certes, l’apparition du vaccin a été une révolution, mais cela a aussi engendré de nouvelles questions… En mettant la pression sur un sérogroupe dominant, on libère la niche écologique pour d’autres sérogroupes et d’autres bactéries pouvant provoquer une méningite, notamment Streptococcus pneumoniæ. Il est donc impératif d’étudier, dès aujourd’hui, l’impact de la vaccination massive sur l’écologie et la dynamique de NmA, mais aussi des différents sérogroupes et pathogènes. »

Comprendre l’émergence d’une épidémie

C’est dans ce cadre que la scientifique et ses collègues ont lancé le projet de recherche intitulé Thairenga3 (Transmission et histoire des agents infectieux en milieu rural et environnement au Sénégal). Dès cette année, des éco-épidémiologistes, des médecins, des climatologues, mais aussi des anthropologues étudieront de concert les déterminants multiples qui contribuent à l’émergence d’une épidémie de méningite. L’initiative aura lieu au niveau local, au sein d’une communauté rurale de 30 000 personnes installées à Keur Socé, au Sénégal. « Les différents déterminants qui entrent en jeu sont généralement étudiés de manière indépendante mais, en pratique, ils interagissent probablement. Il est donc crucial de travailler ensemble, en même temps, sur une même population », explique Hélène Broutin.

Trois facteurs seront ainsi étudiés sur le même site, pour tester le rôle de chacun. Le premier concerne l’écologie des pathogènes : chaque cas suspect de méningite et d’infection respiratoire aigüe, soupçonnée de favoriser le démarrage épidémique de méningite, conduira à une étude du microbiome nasopharyngé, c’est-à-dire de l’ensemble des germes présents au niveau du nez et du pharynx. Le rôle de la variabilité environnementale, et en particulier les poussières et l’humidité relative, sera aussi pris en compte4, puisque les épidémies de méningite coïncident avec la saison sèche. L’une des hypothèses suggère en effet que la poussière transportée alors par les vents secs peut endommager les muqueuses au niveau nasopharyngé, facilitant ainsi le passage du pathogène dans la circulation générale puis les méninges. Enfin, les aspects sociétaux sont indéniablement impliqués dans la dynamique de transmission de la maladie : comment la communauté perçoit-elle la maladie et la vaccination, quels sont les comportements qui favorisent la transmission ? « Nous espérons que le projet Thairenga fournira des informations utiles aux autorités pour les aider à optimiser leurs stratégies de vaccination dans la région », conclut la chercheuse.

Notes
  • 1. OMS, Weekly Epidemiological Report, 2013, 88 : 129-136.
  • 2. Scientifique au sein du Laboratoire Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle (CNRS/IRD/UM1/UM2), elle est aussi membre du comité scientifique de l’initiative de l’OMS Merit (Meningitis Risk Environmental Information Technologies).
  • 3. Codirigé par le Dr Roger Tine, de l’université Cheikh Anka Diop, à Dakar (Sénégal).
  • 4. En collaboration avec le Dr Nadège Martiny, du Centre de recherche en climatologie (CNRS/Univ. de Bourgogne).

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